mardi 12 janvier 2016

Une peur dépassée : le lavage de cheveux

Il y a des grands moments dans la vie de parents.

Depuis quelques mois (= la découverte des bouquins d'Isabelle Filliozat), nous prêtons une grande attention à développer chez le Bébou sa capacité à exprimer et gérer ses émotions.

Dans cette entreprise ô combien délicate, nous tâtonnons, et apprenons tous les jours.
Cela nous rend particulièrement sensibles aux instants où nous voyons notre Deux ans et demie faire un pas dans la bonne direction : quand il exprime
"je suis content d'être à la maison / au parc »,
« ah,  bien mangé, aime courge »
 ou
« E. pleure, E. est triste »
« F. colère »
...
Afficher l'image d'origine

cela produit en nous un énorme YES intérieur que nous nous hâtons de partager avec l'autre parent. Alleeez, nous sommes sur la bonne voie !


Or figurez-vous qu'hier soir, j'ai lavé les cheveux de F. et ça s'est bien passé.

Ce qui n'était pas arrivé depuis.... de longs mois. Un an peut-être ? (pas le lavage de cheveux, hein, quand même. Le fait que ça se soit bien passé.).

Depuis des mois en effet (sans raison apparente à mes yeux de maman, mais j'imagine qu'il y aura eu un facteur déclenchant pour cette résistance subite, même si je n'ai rien perçu), les lavages de cheveux étaient devenus compliqués, sources de pleurs (chez F.) et de grincements de dents (chez la maman de F.)
Depuis des mois donc, j'avais beaucoup, beaucoup, beaucoup espacé les lavages de cheveux (bon, je vous préviens, je ne suis de toute manière PAS la maman la plus hygiéniste du monde).


Or cet automne, j'avais mis en place le rituel d'un bain simultané pour les enfants le dimanche soir (les autres soir  F. prend des douches, et E. n'a, sauf exception, que cet unique bain hebdomadaire, rythme que je maintiendrai jusqu'à ce que la combinaison beaux jours + 4 pattes augmente l'utilité marginale du bain quotidien. J'avais prévenu, hein, que je n'étais pas la maman la plus hygiéniste du monde.)
  1. déshabillage et bain de la Bébounette sous l'oeil intéressé du Bébou
  2. sortie de la Bébounette de l'eau et rentrée du Bébou
  3. séchage et mise en pyjama de la Bébounette sur la table à langer posée sur la baignoire pour l'occasion - ce qui permet de faire cela toujours sous l'oeil intéressé d'un Bébou pataugeant
  4. séchage et mise en pyjama du Bébou sous l'oeil intéressé de la Bébounette gazouillant sur le sol

Déjà, il y a quelques semaines, l'observation d'une Bébounette visiblement bien à son aise allongée dans l'eau, avait conduit son frère à vouloir l'imiter et à se mettre "allongé, dormir eau, comme E. !"; expérience vite écourtée quand il avait réalisé que ça lui mouillait les cheveux, mais tout de même, un premier pas.

Or dimanche matin, la tentative faite par F. de discipliner ses nombreux épis à l'aide d'une cuiller pleine de yaourt provoqua le dialogue suivant
- Gwen : [ouille ouille pas moyen de reculer l'échéance là] "ah, ce soir nous devrons laver les cheveux"
- F. : "laver cheveux, pas pleurer"
- Gwen : [eeeeuh????] " oui parfois tu pleures quand je te lave les cheveux, parce que tu trouves cela désagréable."
- F., insistant : "laver cheveux, F. pas pleurer"
- Gwen : "C'est normal de pleurer quand c'est désagréable, mais oui, je vais essayer que ça se passe bien, peut-être que tu n'auras pas besoin de pleurer"
- F., en rajoute une couche: "laver cheveux, F. pleure pas"

Le moment du bain arrive, enthousiasme des deux principaux concernés, Bébounette y passe, au tour du jeune homme, qui se savonne tranquillement pendant que je rhabille sa sœur. (zut alors, pas moyen de reporter d'un chouilla le moment fatidique en commençant par laver le corps ! fichue autonomie)
J'annonce que je vais laver les cheveux, et accède à la demande qui m'est formulée : je commence donc "avec la main" (c'est-à-dire pas avec le gobelet dont je me sers pour aller plus vite) en précisant que je commence comme ça puis qu'ensuite je passerai à la suite. Je mouille et savonne les cheveux, puis je commence à rincer à la main avant de dire "là je dois prendre le gobelet", F. me laisse faire en grimaçant, et je lui dis "regarde le plafond" (phrase déjà tentée d'autres fois, sans succès), 0 succès là aussi...
Puis une illumination : je change ma formulation en "regarde la lumière" (les loupiotes du plafond étant allumées) et bingo, le visage de F. s'éclaire,  il répète "regarde la lumière" et il lève enfin cette fichue tête !! Ouiiiiii j'ai trouvé la formulation qui parle à mon fistooooon !!!
Je lui fais remarquer que l'eau ne coule pas dans ses yeux du coup, je le lui rappelle régulièrement en continuant à rincer les cheveux, lui aussi répète, il finit même par compléter "regarde lumière, regarde maman" (puisque je suis moi aussi positionnée au-dessus de lui). Vers la toute fin, il se crispe un peu alors j'abrège, peu importe si les cheveux ne sont pas impeccablement rincés, l'expérience est positive et je ne veux pas risquer de ternir ce succès.

Un succès qui visiblement a aussi constitué un grand moment pour F., à en juger par la fréquence à laquelle il a raconté l'épisode durant le reste de la soirée, en les termes suivants : "laver cheveux, regarder lumière, pas pleurer".... et avec un sourire jusqu'aux oreilles.

Bonheur d'avoir pu l'accompagner graduellement pour affronter ces lavages de cheveux tant redoutés.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Venez enrichir ce blog (et ma réflexion ainsi que celle des autres lecteurs) de vos commentaires et expériences...